FSV12
Le journal du CNRS, septembre 2001, p. 25
géodynamique
Le point chaud
de l'Afar sous surveillancePrès de 90% des volcans naissent en bordure des plaques tectoniques, au niveau des dorsales et des plaques de subduction. Mais il existe un deuxième type de volcanisme, beaucoup moins répandu, dont l'origine ne semble pas être liée aux mouvements tectoniques : le volcanisme de point chaud. " Certains volcans apparaissent au milieu des plaques lithosphériques et résultent de la remontée rapide de matière chaude provenant des profondeurs du manteau, explique Jean-Paul Montagner, directeur du Département de sismologie de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Ces panaches mantelliques percent la croûte terrestre et à mesure du défilement des plaques au-dessus du point chaud, se forment des chapelets d'îles volcaniques parfaitement alignées (Hawaï, La Réunion ) " . Mais comment et à quelle profondeur naissent-ils? Parviennent-ils tous en surface? Quelle est leur structure intime? Pour répondre à ces questions, un programme d'étude géophysique coordonné par Michel Cara, directeur de l'École et observatoire des sciences de la terre (Éost) de Strasbourg a été mis en place. Deux équipes de l'IPGP et de l' Éost se sont ainsi rendues au Yémen et en Ethiopie, régions où se trouve l'un des rares points chauds émergés. Organisée dans le cadre du programme " Corne de l'Afrique " de l'Insu, leur mission avait pour but de densifier le réseau de sismomètres large bande afin " d'échographier " le globe en profondeur. " Au lieu d'utiliser les ultrasons, nous nous servons des ondes sismiques pour imager les points chauds, explique Jean-Paul Montagner. Ces ondes se propagent plus lentement dans les milieux chauds. En repérant les anomalies de vitesse, nous pouvons ainsi cartographier les panaches mantelliques en 3 dimensions. " Pendant une semaine, les chercheurs parisiens ont sillonné le Yémen à la recherche de zones épargnées par le " bruit culturel " (les vibrations produites par l'activité humaine). C'est finalement au nord d'Aden qu'une nouvelle station a été mise en place, venant enrichir le dispositif de surveillance déjà installé dans l'année écoulée une station au Yémen, et trois sur la rive éthiopienne de la Mer Rouge. " Nous attendons à présent que les données s'accumulent, explique le chercheur. Fin 2001, nous devrions être en mesure de fournir une image détaillée du sous-sol de la corne africaine."
Jacques Gozzo
Contact: Jean-Paul Montagner.
Département de sismologie IPGP, UMR 7580, Paris.
Tél.: 01 44 27 48 95.
jpm@ipgp.jussieu.fr
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Légende de la photo ]
Carte des stations sismométriques de l'Afar